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Média vidéo

Le journalisme adapte son offre aux usages des internautes. C’est pourquoi des acteurs “pure player vidéo » sont apparus dès 2016. Les formats “à la Brut” ont fait des émules, et aujourd’hui, ce sont deux médias qui se positionnent avec une approche tournée à 100% vers les réseaux sociaux. Leur fort pouvoir de viralisation et leur traitement spécifique leur a permis de rencontrer un franc succès auprès du public. Mais quel est le modèle économique de ces nouveaux titres ?

Une nouvelle forme de journalisme

Le monde de l’information ne cesse d’évoluer pour répondre à la demande des consommateurs. De la presse papier, aux chaînes d’information en continu, en passant par les journaux en ligne, l’offre est déjà extrêmement riche. Cependant, avec la montée en puissance des réseaux sociaux, un nouveau territoire d’expression s’est ouvert pour une forme innovante de journalisme. Créé respectivement en 2016 et 2018, Brut et Loopsider sont les deux principaux représentants des médias 100% vidéo.

C’est avant tout leur format qui a su conquérir les utilisateurs. Leur patte graphique, leur diffusion exclusive aux réseaux sociaux et leur gratuité ont permis à ces deux médias vidéo d’émerger en un temps record. Et les chiffres témoignent de leur succès. Avec des centaines de milliers d’abonnés sur Facebook, Twitter, YouTube, LinkedIn ou encore Tiktok, ils totalisent des millions de vues. Chaque vidéo est partagée, commentée, likée… En bref, leur pouvoir de viralisation est poussé à l’extrême. 

Un autre modèle économique

Pour assurer leur rentabilité, Brut et Loopsider ne comptent pas prioritairement sur les revenus publicitaires. Et ce n’est pas uniquement pour le confort des utilisateurs. Le manque de transparence des plateformes sociales sur le pourcentage reversé aux médias n’aide pas à y voir clair. Mais on peut estimer que ces rentrées financières n’excèdent pas 30% de leurs revenus. Il est donc nécessaire pour eux d’aller chercher leur financement ailleurs. 

Afin de pérenniser leur activité, ces médias pure player nouent des partenariat avec d’autres médias plus traditionnels. Par exemple, les vidéos Brut sont diffusées par la chaîne d’information Franceinfo. Mais la partie la plus importante de leur modèle économique se situe dans les publireportages. Avec leur audience considérable, ils peuvent offrir aux annonceurs des vidéos sponsorisées d’une grande efficacité. Tout en proposant un traitement sérieux à leurs publics, Brut et Loopsider mettent à disposition des marques une tribune répondant aux codes des réseaux sociaux.

Deux visions divergentes

À titre d’exemple, Loopsider a été contacté par Veolia suite à un reportage de Cash Investigation. La marque souhaitait développer des vidéos permettant d’expliquer les problématiques de l’eau et de la gestion des déchets dans le monde. Plus qu’un simple publireportage, le média vidéo propose ainsi un éclairage orienté qu’il aurait pu réaliser par lui-même. Ce sont d’ailleurs les journalistes de rédaction qui s’occupent de la création de ces contenus.

De son côté, Brut réalise des “engaging ads” et se refuse à travailler avec certaines marques ou secteurs comme Total et l’industrie pharmaceutique. Le studio qui produit ces vidéos sponsorisées est complètement séparé de la rédaction.